Un ≈ C'est la musique qui la sauve, c'est son gagne pain. Elle rêve d'être Mamie Smith. Elle rêve de son somptueux Crazy Blues. Elle n'est pas fainéante. Mais, elle rêve de gloire et reconnaissante alors chanter, c'est le seul moyen pour une femme " noire " comme elle d'être reconnue. Elle a la voix, elle a la gueule. Et elle a son cul, alors elle s'adonne un soir sur deux au déploiement de son art. Deux ≈ Addiction en tout genre. Elle est facilement accro, elle est faible. C'est le même schéma à chaque fois qu'elle commence à prendre une substance addictive. Elle ne peut résister. Sa plus récente lubie: la morphine. Trois ≈ Ce n'est pas une prostituée. Mais, elle est régulièrement entretenue par toutes sortes hommes des beaux, des moches, des petits, des gros, des riches et même des pauvres. Un dîner, une robe, des chaussures. En échange sa présence physique lors d'un dîner ou d'une soirée ou son corps tout simplement. C'est l'ancêtre de l'escort girl. C'est la sainte patronne des escorts. Et elle aime ça, se faire entretenir. Quatre ≈ Protestante non pratiquante. Elle n'a jamais eu foi en rien. Elle ne parle que très peu de religion. Sa mère était non pratiquante et son père aussi. Dans les mauvais moments, elle priait et rien. Et quand, elle a arrêté de prier, ses jours furent meilleurs. L'équation a été simple. Plus de religion dans sa vie. Elle est impatiente la petite. Cinq ≈ La solitude. C'est le sentiment qui la hante depuis qu'elle est petite. Elle se change les idées en compagnie des hommes, mais elle reste profondément seule. Six ≈ Née à la mauvaise époque. Personne n'était prête pour elle et son exotisme. Et elle n'est pas prête pour cette époque phallocrate.Sept ≈ Elle n'est pas bonne à marier. Elle n'a rien à donner. Elle ne sait pas cuisiner, elle ne sait pas tenir une maison. Huit ≈ C'est une fille intelligente, elle aurait pu faire des études, mais elle n'avait ni l'argent, ni l'ambition. Elle a préféré se servir de ses charmes pour parvenir à ses fins et elle s'en sort pas mal pour l'instant.Neuf ≈ Elle espère mourir jeune et ne pas avoir d'enfants, pour ne pas les decevoir. Dix ≈ Sa famille vit à Birmingham mais elle ne les voit jamais, elle les ignore. Sa mère a cherché plusieurs fois à rentrer en contact avec elle, mais elle ne veut pas. Elle n'a pas de raisons. Juste de la rancoeur.

T'es arrivé ici comment ? ≈ Bazzart Tu penses quoi de ce joyeux bordel ? ≈ Le design, les personnages, l'ambiance créée, un joyeux bordel organisé . Un truc à nous dire ? Une petite cassdédi ? ≈ Gros bisous au créateur de mon scénario, Thane   et à vous autres. Le mot magique pour passer ≈ce n'est pas personnel, c’est uniquement les affaires.

Le clin d'oeil de Joe me sert de repère. Je me saisis du micro. " I've got the blues, I feel so lonely I'll give the world If I could only make you understand it surely be grand. I'm gonna telephone my baby 'Cause you when you're gone I'm worried all day loooong... BABY WON'T YOU PLEASE COME HOME " Les paupières repliées. Je n'ose ouvrir les yeux. Le spectacle qui s'offrirait à moi ne serait rien d'autre qu'une ultime déception. Je vis pour la musique, je vis pour cette chanson. Cette chanson, c'est mon hymne. Une sorte d'ode à la déception. Les déçus, les trahis, les bafoués, ralliez ma cause. J'ouvre les yeux fébrillement, la salle est pleine au Red. Il est là. Je le vois. Flamboyant. Une beauté l'accompagne. Elle ressemble à une actrice. A Gloria Swanson. C'est la cocue. Il ne l'a quittera jamais pour moi. Elle rit aux éclats, d'un rire si beau et aquilin. La rage s'empare de mon corps, je décide de forcer sur ma voix pour attirer son attention. La musique s'accelere. J'entame mon hymne " Baby won't you please come home, Baby won't you please come home. I have tried in vain, evermore to call your name. When you left you broke my heart... I've got to move May the first " "BABY "Je chante de vive voix. La cadence de la musique diminue et je chuchote " won't you please come home, cause well I need money  " Les applaudissements envahissent l'espace. Je reste sur la scène, hébétée. " GABRIELLE HAYES " crie le chauffeur de salle. Je me tourne brusquemment vers lui. Ma prestation n'est pas finie. Il m'attrape par la taille et me dirige vers la sortie. " Je n'avais pas fini..." Il ne m'écoute pas et me tire par le bras dans les loges. " Je te parle ! "  Il ferme violemment la porte de loge. " Tu crois que je n'ai pas vu ton petit jeu avec Richard ? Hein ? Pourqui tu te prends ? Cet homme n'est pas pour toi ! Ce n'est pas parce que ton père a voulu améliorer sa race en baisant ta putain de mère que tu dois avoir les mêmes espérances. C'est proscrit dans la bible, ok ? Ne t'avises pas de remettre tes mains de négresse sur lui, sinon tu vas avoir des problèmes et j'aurai des problèmes ! Tu peux t'envoyer en l'air avec les gueules cassées, si tu veux. Ils sont tellement foutu mentalement et physiquement qu'il ne feront pas la différence avec toi et une blanche, mais les autres, n'y pense même pas ! "   Ses mots résonnent dans ma tête. Les paroles sont souvent plus blessantes que les actes, mais le racisme je l'ai toujours vécut et je le vivrai jusqu'à ma mort. Et pourtant, je ne suis qu'à moitié noire, mais ça les gens ont tendance à l'oublier. A partir du moment où le " sang blanc " de ma mère a été souillée par le " sang noir " d'esclave de mon père, j'ai été maudite, je suis la maudite. enfant du malheur née sous la mauvaise étoile. Moi, petite, j'étais naïve. Je me souviens, un jour je me suis blessée, je saignai mais une dame à refuser de soigner mon doigt. Elle avait peur de mon sang, elle le fuyait comme la peste, elle pensait qu'elle allait être contaminée. Je n'ai pas réagi, mais naïvement j'ai demandé à ma mère " le sang n'a pas de couleur, n'est-ce pas ?  " Elle a déposé un baiser sur ma joue sans confirmer mes dires. J'enlève ma perruque et je vais m'assoir sur le canapé de la loge. Il continue à maugréer. Je rigole intérieurement, s'ils savaient ce que je pense d'eux, s'ils savaient que les propos racistes proférés à mon encontre glissaient sur moi comme une goutte d'eau. C'est ce que tu crois, Gabrielle. Au fond de toi, tu le sais que ça te blesse, tu es humaine après tout. Cette souffrance te poursuivra toute ta vie. Une situation dont tu ne pourras jamais te défaire. Tu es née blanche et noire. Un peu petit peu plus blanche que noire d'ailleurs, t'es une quarteronne. Et tu ne sais pas vraiment qui tu es. Noire pour les blancs. Blanches pour les noirs. Tu ne sais jamais comment te comporter. Ils veulent t'assigner un rôle, une beauté " exotique " L'exotisme, c'est l'inconnu, c'est l'étranger. Et toi, t'es née en Angleterre, tu as été élévée par ta mère blanche, alors exotique ? Alors, t'es quoi ? Une espèce hybride en voie de disparition. " Fini ? " Je l'observe longuement. J'attrape mes affaires et je sors du cabaret par la porte arrière.

Je marche dans la rue pavée, sans vraiment savoir où aller. Personne ne m'attend. Je suis seule, je suis " l'ombre de la rue " Un petit enfant de rue passe près de moi, il m'observe. " Mademoiselle est triste ! " " Mademoiselle va t'ignorer " dis-je. Je continue à marcher. Il court derrière moi. " Y'en a qui disent que y'a des moyens pour être plus heureux. T'sais moi, j'connais un m'sieur qui était tout triste parce qu'il avait fait la guerre et qu'il avait perdu ses amis, et son bras aussi. Et pis, depuis quelques semaines, il est heureux, il parait qu'il a trouvé une potion magique qui l'rend heureux. Le m'sieur est tout apaisé et heureux maintenant. Ca fait plaisir. J'lai vu de mes yeux. J'suis un peu comme Saint Thomas, moi j'ai eu besoin de voir pour croire. C'tait fascinant. Il s'est transformé en moustique sous mes yeux, le vioc. Il a un moignon le pauvre. C'est une gueule cassée, disent-ils. Donc il s'est servi de ses dents, il a pris l'aiguille et paf dans son bras. Après, il était palaux le pauvre, il parlait pu. Et il a commencé à gémir. J'ai eu peur qu'il se transforme en queq'chose de bizarre, alors j'suis parti. Le vioc m'a dit que c'était un médecin qui l'avait aidé à se transformer en moustique " Je n'ai aucune idée de ce qu'il raconte, mais il me fait rire alors j'écoute son monologue. Je comprends progressivement le sens de ce monologue. " Et si j'en veux de cette potion magique, tu sais comment je peux faire ? " Il hôche la tête et sourit. " J'sais, il parait que le vendeur de rêve traîne au red hand parfois... " Je l'attrape par l'oreille. " Ecoute moi bien, tu n'y toucheras jamais à cette potion magique. Ca rend heureux sur le moment mais pas éternellement. Alors, si tu veux être heureux, fonde une famille " Je le gifle pour lui remettre les idées en place. Il essaye de me rendre mes coups, mais j'arrache sa casquette et je la jette au sol. Je pars en courant, il me poursuit mais il s'arrête rapidement. Je repars au Red. Il est tard et la salle s'est vidée peu à peu. Je scrute les environs. Comment trouver le vendeur de rêve ? Je vais voir Joe, le pianiste qui m'accompagne, c'est un véritable pochtron, il doit avoir une petite idée des magouilles du Red. Je lui demande des renseignements en lui chuchotant à l'oreille. Il n'est pas au courant.  Tout se sait à Birmingham pourtant...

Jeudi soir, je ne chante pas ce soir mais je suis quand même ici. J'erre à la recherche d'une personne capable de me faire passer une soirée agréable. Je suis assise seule à une table. Un homme arrive, un inconnu. Du moins, je ne l'ai jamais vu dans les parages.
Assis seul à sa table. Il s'installe paisiblement et se commande à boire. De la chair fraîche. Je prends place à sa table. Je lui souris. Il m'observe longuement. " Vous appréciez le spectacle ? " Il hôche la tête. " Je n'ai pas chanté ce soir donc ce n'est pas le meilleur spectacle, je dois vous l'avouer... " Il est intriguant, son regard bleu semble si froid et à la fois si chaleureux. Il est austère.  " Je peux vous interpréter une autre chanson, si vous voulez... Petit cadeau de bienvenue" Je lui fais un clin d'oeil et je vais voir Joe. " Aligne toi sur moi " Je sifflote pour lui donner le rythme, ce génie de Joe trouve la note. Je commence à chanter une chanson sur la vie d'une millionaire déchue qui n'a plus d'amis, qui n'a plus d'argent et qui est ignorée de tous. Je vis pour ma musique, j'écris sur ma vie, même si je l'enjolive. Les chansons que je chante sont des messages subliminaux pour mon auditoire et cet inconnu en particulier. Je crie ma détresse. " Once I lived the life of a millionaire Spendin' my money, I didn't care I carried my friends out for a good time buying bootleg liquor, champagne and wine. Then I began to fall so low, I didn't have a friend and no place to go so if I ever get my hand on a dollar again I'm gonna hold on to it till them eagle's grin " Je soutiens le regard de l'inconnu tout le long de la chanson.
" Nobody knows you when you're down and out in my pocket not one penny And my friends, I haven't any but if I ever get on my feet again then I'll meet my long lost friend It's mighty strange without a doubt. Nobody knows you when you're down and out I mean oooooh when you're down and out when you're down and out, not one penny and my friends, I haven't any and I felt so low "
" Nobody wants me 'round their door ooooh without a doubt. No man can use you when you're down and out I mean when you're down and out " Quelques applaudissements se font ressentir dans la salle. Je descends de l'estrade et me dirige vers la table de l'homme que j'essayais d'impressionner. Il reste impassible. Un léger sourire s'esquisse néanmoins sur ses lèvres. Je m'assois à sa table et l'observe. " Vous habitez loin ? " Il hausses les épaules. " Moi, je n'habite pas très loin, si ça vous dit, on peut rentrer chez moi ? " Une proposition sans arrière pensée. Je n'ai pas envie d'être seule, de rentrer seule. Si jeune et si seule, tristesse. Il se lève et enfile son manteau. Je ne pensais qu'il se déciderait si rapidement. " Attendez moi là " Je file en loge pour récupérer mes biens. J'ôte ma ridicule perruque blonde, j'attrape mon manteau et mon vulgaire sac qui ne contient que ma clé, un paquet de clopes vide, mon maquillage et quelques billets. Ce sac, c'est pour me donner une certaine contenance comme si j'étais quelqu'un...
Je regagne la salle mais il n'est pas là. Je fronce les sourcils et je sors du cabaret, il marche et se dirige naturellement vers chez moi comme s'il connaissait la route. Je décide ne pas le rattraper. Cet homme m'intrigue. Cet homme m'intrigue.

wahou, la petite chanteuse je l'adore!!   et ton écriture est vraiment très belle, très fluide, bref je te valide avec plaisir  

Bravo coco, finalement t'es pas trop mal barré pour survivre à Birmingham.   Avant de pouvoir te la couler douce, va falloir que tu bouges tes miches ! Parce que ouais, y'a pas de salaire sans travail et tout ce foutoir - j'suppose que tu connais. Dans tous les cas, tu vas d'abord aller recenser ta tronche, parce que bon ce serait triste qu'un autre vienne te la chourer. Ensuite, la case nous informer du reste est aussi obligatoire, on veut savoir ton métier, où t'habites, ton rang si tu fais partie d'un gang ou des autorités, bref, tout ça rien que pour le plaisir de bibi.   Ensuite, tu pourras faire ta fiche de liens, un scénario seulement si t'es sage et pour terminer ; tu pourras RP. Ouais, j'sais qu t'as pris autant plaisir à m'lire que j'en ai pris à écrire.   En cas d'pépin le staff est là pour toi, va vers les autres et va pas faire ta mijaurée - dans c'te ville de toute manière t'as pas à l'être.