En cette fameuse nuit d'été, rien ne laissait prévoir que de terribles choses allaient se passer dans la grande ville de Liverpool Le calme berçait les rues, seuls quelques crissements de pneus se faisaient entendre, mais tout cela était normal, chaque nuit, on avait l'habitude de les sentir parvenir à nos oreilles. Alors, que voulaient dire les quatre voitures garées devant une maison bien particulière ? Seuls les passagers de ces dernières le savaient. Ainsi, on put entendre plusieurs claquements de portières tandis que des murmures s'échappaient des lèvres du groupe d'hommes armés. Dans les maisons, aux alentours, tout le monde dormait. De toute façon, qui oserait s'imaginer qu'une famille possédant une très bonne réputation allait se faire massacrer sans gênes ? Personne. Les humains sont tellement naïfs et égoïstes qu'ils préfèrent ne rien voir, qu'ils préfèrent faire semblant de ne rien savoir plutôt que de se faire du mal. C'est assez déroutant quand on y pense, mais qui sommes-nous pour juger ? Nous sommes exactement comme eux.

Les secondes passèrent sans que rien ne se passe. Le groupe d'hommes n'avaient pas bougé. Ils fixaient tous un point particuliers ; la lumière émanant de l'une des pièces de la maison dans laquelle ils devaient entrer. Pourtant, à trois heures du matin, tout le monde est censé dormir, n'est-ce pas ? Celui considéré comme le chef soupira et haussa des épaules, faisant signes à ses acolytes de le suivre. De toute façon, ils n'étaient que deux adultes entre ses murs, alors ... que pourraient-ils faire contre une dizaine d'hommes armés jusqu'aux os ? Rien, évidemment, ils ne pourraient rien faire du tout. C'est ainsi qu'ils ouvrirent la porte grâce à un fil d'acier et qu'ils rentrèrent dans la maison de banlieue sans faire le moindre bruit. Deux restèrent dehors tandis que les huit autres se dépêchèrent de monter à l'étage. Il n'y avait que le silence les accompagnant. Parfois, l'un d'eux respiraient trop forts et tous s'arrêtaient pour le dévisager, mais ils reprenaient très vite leur marche en direction de la première chambre à coucher. Une porte s'ouvrit lentement et un spectacle plutôt attendrissant se passait devant leurs yeux, seulement, ils avaient été entraînés pour ne ressentir aucun sentiment de pitié. Non, ils étaient là pour tuer, pas pour jouer les gentils messieurs. Tous retirèrent la sécurité de leurs armes et furent étonnés de voir les deux personnes encore endormies quelques secondes plus tôt se relever d'un coup. Le jeune adulte ouvrit grand les yeux et se jeta sur sa femme tandis que les coups retentissaient brusquement. Pas très loin d'eux, un enfant venait d'ouvrir les yeux et sortait de son lit, tremblant comme une feuille.

« Pitié … » Souffla la jeune femme qui serrait le corps inerte de l'homme qu'elle aimait. Les larmes roulaient le long de ses joues sans s'arrêter et le chef du groupe s'approcha lentement d'elle tandis qu'elle plongeait son regard dans le sien. Il fallait qu'elle gagne du temps. Elle ne savait pas ce que ces hommes lui voulaient, mais elle devait laisser un maximum de temps à son enfant. Son fils était intelligent, il s’enfuirait et irait prévenir les autres. Oui, c'est ce qu'elle se disait. Elle entrouvrit les lèvres pour parler, mais elle n'eut pas le temps de dire un mot de plus qu'une balle se nichait sur sa tempe gauche. C'est ainsi que, les yeux exorbités et les mains serrant les épaules de la première victime, le corps de la femme tomba part terre en un bruit sec. Les hommes ne s'attardèrent pas très longtemps et changèrent de pièce. Un peu plus loin, caché derrière la porte de la cuisine se trouvait un petit garçon, au téléphone avec la police. Il murmurait en tremblant. Un homme au visage balafré ouvrit la porte de la chambre de l'enfant en toute hâte, la faisant ainsi claquer contre le mur et alertant le seul mineur présent dans la maison. Jeremiah fermait les yeux petit à petit, se berçant lentement en se disant que ce n'était qu'un cauchemar, que sa mère allait bientôt le réveiller et le prendre dans ses bras pour le câliner en le réconfortant. Oui, il en était sûr. Alors, pourquoi diable ne venait-elle pas ? Il sursauta lorsqu'une lumière l'aveugla et il poussa un petit couinement quand une main lui agrippa fermement le bras droit pour le tirer hors de sa cachette. Il ne rêvait pas … non, la douleur était trop forte pour que cela ne soit qu'un rêve … Il allait donc mourir ici ? L'enfant se débattait autant qu'il le pouvait, mais un autre arriva et lui donna un coup sur la tête, ce qui l'assomma un peu.

« Doucement petit, je ne vais pas te faire de mal, ne t'en fais pas. » La voix rauque le transperçait. La peur montait petit à petit, faisant trembler tous ses muscles. Du haut de ses six ans, il ne pouvait que supplier, sa petite voix tremblotante attirant les rires des autres hommes présents dans la pièce. Dans la chambre d'à côté, ses parents venaient d'être tués ; son tour allait bientôt arriver. Il se relève, chancelant et part aussi vite que possible. Un nouveau tire retentit, suivit d'un hurlement de douleur. Alors qu'ils allaient en finir avec lui, un nouveau coup de pistolet se fait entendre et l'un des hommes tombent à terre, mort. Alors il est sauvé. Doucement, le garçon ferma ses yeux avant de sombrer dans l'inconscience, la douleur étant trop forte pour lui.


Jeremiah soupire en regardant son grand-père. Du haut de ses seize ans, il n'a plus vraiment envie de l'écouter lui donner des conseils sur la vie, sur les femmes, sur le sexe. Levant alors les yeux au ciel, il se redresse et tape du point sur la table. « Tu m'les brises vieux tocard ! » Qu'il lâche avant de sortir de la pièce en marmonnant des insanités indignes de son âge. Soufflant fort, il s'enferme dans sa chambre en bloquant la porte avec sa chaise, puis s'allonge dans son lit. Il n'a pas envie de dormir. Hier soir, il a rêvé de ses parents. De leur mort. La cicatrice qu'il a dans le dos l'empêche d'oublier. D'oublier qu'ils sont morts et qu'ils ne peuvent pas le voir devenir un homme. Oui. Car même si son grand-père s'entête à lui dire que les morts vont au paradis et que ses parents le voient depuis le ciel, il a du mal à y croire. Pourquoi le monde serait-il si froid, si horrible si un quelconque Dieu veillait sur ses enfants ? Haussant des épaules à cette pensée, Jeremiah se relève et ouvre la fenêtre de sa chambre pour sortir à l'aide de l'arbre proche de la maison. Soupirant, le garçon passe une main dans ses cheveux, puis s'en va en courant pour ne pas que le vieillard remarque qu'il s'en va en pleine nuit. Il a envie de sortir. Il doit bien avoir des jeunes en train de s'amuser dans le coin ! Au pire, il ira retrouver sa bande. Ils traînent souvent vers les ruelles où se trouvent la plupart des mauvaises fréquentations. Jeremiah sait très bien qu'il ne devrait pas y aller, mais c'est plus fort que lui. Il est attiré par le danger. Par les choses pouvant le tuer.


Les mains dans les poches, Jeremiah marche tranquillement dans la rue tout en respirant la bonne odeur de nourriture émanant de son restaurant préféré. Il a faim. Oh ça oui. Il a vraiment les crocs ! Cependant, il ne va pas manger tout de suite, puisqu'à peine fait-il un pas pour traverser la rue qu'il entend des cris. Bordel de Zeus, qu'est-ce qu'il se passe ? Fronçant les sourcils, le garçon s'approche en vitesse de la petite ruelle avant de grogner. Trois hommes contre une jeune fille. Quelle belle bande de lâches. S'approchant furtivement, il envoie un premier crochet à  l'un des garçons sans se soucier que cela puisse lui créer des problèmes. Actuellement, il ne pense que la blondinette derrière lui qui se défend du mieux que possible. D'ailleurs, elle semble bien se débrouiller, pour une femme. C'est étonnant. Peut-être un peu trop. Lorsque les trois hommes se mettent à fuir en vociférant des insultes à leur encontre, Jeremiah sourit en coin et leur fait un bref signe de la main droit, fier de lui. Il se tourne ensuite vers l'inconnue. « Vous allez bien au moins ? » Qu'il demande par politesse, mais aussi parce qu'elle l'intéresse. Ah non ! Pas dans le sens sexuel ou que sais-je encore. Juste … Une femme qui sait se battre aussi bien, c'est fort intéressant à ses yeux. Pourtant, la demoiselle l'envoie sur les roses en partant. Quoi ? Elle n'avait vraiment pas besoin de lui ? Pourtant, ils allaient vite la mettre à terre et s'occupe de son petit cul. Parce qu'à trois contre un, la jeune femme allait bien finir par perdre la tête. Soupirant, il hausse des épaules et la regarde partir, exaspéré. Frustré même. Eh ben dis donc. Pour une fois qu'il apporte son aide à quelqu'un, on l'envoie chier. C'est … Ironique. Vraiment.


Un baiser. Deux baisers. Trois. Quatre. Une multitude de baisers avant qu'il ne doive la laisser encore une fois derrière lui. Elle n'est pas souvent là. Souvent, elle part avec son beau père pour s'entraîner au combat et à tout pleins de choses. Jeremiah n'ose pas lui dire qu'il n'est pas d'accord avec tout ça. Visiblement, elle aime faire ce genre de choses et il ne veut pas la priver de ses moments plaisants. Soupirant, il caresse une dernière fois sa joue avant de se redresser. Ils ne vivent pas comme les couples normaux depuis qu'ils se sont mis ensembles, peu après le dix-huitième anniversaire de la belle blonde. Ils ne sortent pas souvent, quand ils se voient, c'est généralement chez Jeremiah, puisqu'il travaille la journée et qu'elle n'est pas souvent là, elle non plus. « A plus tard, Ana. » Qu'il lâche avant de la regarder sortir de son appartement. Il a parfois peur de la perdre. Qu'elle se trouve un homme plus jeune, de son âge. Qu'elle se mette à ne plus l'aimer, à le voir autrement que comme son petit ami. Serrant les poings, Jeremiah marmonne dans sa barbe avant d'attraper les sachets de drogues qu'il doit livrer. Au diable ses peurs. Il ne devrait même pas penser à tout cela.


Se réveillant brusquement, en sueur, Jeremiah regarde autour de lui, la respiration bruyante. Lorsqu'enfin il se rend compte qu'il n'est plus sur le champ de bataille, mais bien dans son lit, chez lui, il se calme et se rallonge doucement. « Bordel ... » Lâche-t-il alors qu'il tend le bras pour attrape sa bouteille d'eau et boire la moitié d'une traite. Deux ans. Il a passé deux longues années sur le front et maintenant qu'il est de retour, Anastasia continue d'être absente et de s'entraîner. Soupirant, le jeune homme se tourne sur le côté et se met finalement sur le ventre. Si elle était là, avec lui, il pourrait la serrer dans ses bras et rendormir sans problème. Elle arrive toujours à le calmer. Autant lorsqu'il vient de cauchemarder que lorsqu'il est énervé. Il attend alors que le sommeil le rattrape, mais même l'heure qui passe ne lui redonne pas l'envie de se rendormir. Se levant finalement, l'adulte file dans la salle de bain pour prendre un bon bain. Il n'a pas été blessé durant la guerre, à part une balle dans le bras qui lui a laissé une jolie cicatrice, il s'en est plutôt bien tiré. Il a même gardé les lettres qu'il a échangé avec Ana durant ses deux atroces années. Enfin … Il a gardé celles qui étaient encore en bon état. Il en perdu certaines. Mais … Il a réussi à en garder quelques unes. C'est sûrement grâce à sa petite amie s'il n'est pas devenu fou là-bas. Après avoir vu tous ses bons amis mourir sous ses yeux, Jeremiah avait finalement pensé crever lui aussi d'une balle entre les yeux. Pourtant, il est là. En vie. Chez lui. C'que le destin peut-être dingue parfois. Il a survécu à la mort deux fois. Au moins, il peut s'estimer chanceux.


Jeremiah soupire en glissant les deux sachets de poudre blanche dans les poches de sa petite amie. Il l'embrasse tendrement avant de caresser sa joue, plantant son regard dans le sien, inquiet. Il n'a pas vraiment le choix, dans le fond. Les flics lui collent aux basques depuis plusieurs jours et il n'a pas vraiment envie de finir emprisonné pour son gang. Inspirant, il ouvre la porte et colle un dernier baiser sur les lèvres de la jeune femme. « Fais gaffe à toi, d'accord ? Si t'as un soucis ou que quelque chose semble bizarre, tu m'appelles aussitôt, j'serais pas loin. Promis ? » Qu'il ordonne plus qu'il ne demande, la voix grave et un peu froide, comme à son habitude. Il lui lance un mince sourire avant de la regarder s'éloigner de chez lui. Il la perd finalement de son champ de vision et enfile une veste, y cachant son revolver avant de sortir de sa maison pour rester proche de la zone où se trouve sa petite amie. Malgré le fait qu'il l'envoie faire ses trafics à sa place, il ne peut s'empêcher de rester dans le coin. Il ne s'inquiète donc pas de se retrouver en prison, puisqu'il n'a aucune drogue sur lui, mais il s'inquiète désormais pour sa jolie blonde qui risque gros pour lui.